Sur le grès

A contempler les nuages, on voit des figures, des visages et des animaux, une flore et une faune imaginaire ; nous savons que c’est une illusion, car les associations d’idées s’évanouissent aussi vite que les nuages eux-mêmes. Mais sur le grès – « roche sédimentaire détritique, issue de l’agrégation de grains de sable » – l’empreinte de l’érosion est formée par l’atmosphère, non par notre imagination ; elle demeure et nous savons que nous n’y sommes pour rien. Malgré tout, devant les modelés, les motifs et les griffonnages à la surface de la roche, impossible d’entraver le fil des images qui se présentent.

 

A propos des taches et des dessins inscrits dans la pierre, Caillois dit qu’un « regard séduit » y devine toujours des êtres ou des objets ainsi que des « spectacles de la nature, de la fable ou du rêve ». Mais ce ne sont pas ceux-là, seuls, qui se lisent sur le grès.

Je vois les marques de leurs créateurs – pluie, vent, grains de sable – comme des notations. Mais notations de quoi ? Ces paysages plus abstraits que concrets sont tout entiers consacrés à l’empreinte du passage invisible du temps atmosphérique.

Sur le grès, 2024, Editions Unicité, Saint-Chéron. Disponible sur :

https://www.fnac.com/a20284347/Marion-Pescheux-Sur-le-gres

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