Formes du vent

Texte : 25000 caractères/4900mots. Fonds photos numériques couleur : 90 photos

[…] un labour en friche permet de traverser la campagne en ignorant les limites des cultures, le nez en l’air, sur une terre en attente. […] Là, d’un coup, le sol jusqu’ici chaotique de la jachère offre à la vue une sorte d’écriture : la présence d’herbes foulées cent fois, brassées et couchées par les machines, les animaux domestiques ou sauvages, le promeneur, et surtout par la pluie et le vent….Une chevelure plaquée, coiffée, redressée ou lisse offre diverses figures de vagues figées, un Pompéi végétal à fleur de sol.[…] alors pourquoi ne pas retrouver les gestes de l’écriture déposée à terre ? […]

« […] le brin d’herbe esquisse au sol un contour du mouvement de l’air. Ce mouvement l’a mis en forme à un moment donné, et non un seul mouvement, mais une suite, un orchestre de flux aériens a fait vibrer sa tige, l’a posée à terre comme une empreinte. Brins à côté de brins, les hampes, les tiges ou les feuilles à ras de champ racontent les épisodes du passage du vent.

[…] Ce qui surgit dans le champ, c’est une frénésie de mouvements, les sauts et les élans d’une danse de l’air dans l’herbage. Ces vagues, ces crêtes et ces ombres portées sont bien les empreintes du ballet aérien. Dans le champ, on lit des quasi-lettres, des flammes, des éclaboussures sans origine, de minuscules geysers d’herbe, des vaguelettes botaniques aux mouvements contrariés, des brisures de vagues sèches, en définitive tout le parcours du Souffle décomposé : il est passé par ici, il repassera par-là, parcours de furet léger. […] »

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