Dans les bois

[…] Au flanc ouest du lion de Belfort, place Denfert-Rochereau à Paris, sous les ombres de neuf sophora du Japon (qui sont originaires de Chine), en été. Ce sont des arbres d’« ornement ». Il faut lever les yeux pour le voir. C’est dans l’ombre que se voit un profil de la canopée ; pas la canopée elle-même, tournée vers le soleil, mais des fragments de ses contours ; non de plain-pied comme on le ferait du radeau des cimes, mais par en-dessous, les pieds sur terre. Sous une ombrelle monumentale, une demeure imaginaire limite le monde à l’ombre projetée. Un fouillis de feuilles. Pris entre l’ombre du bas et l’ombre du haut, on regarde des ombres chinoises dans un théâtre de verdure. Vous voilà projeté dans un tableau naïf. Ou une image d’Epinal. Y a-t-il un visage dessiné par des branches ? ou un animal caché dans les feuilles ?

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[…] Sur l’allée d’un château gascon, soleil. Une souche de chêne à cœur ouvert, entre les herbes d’avril. A droite, un chêne devait se tenir sur le talus de l’allée qui descend en pente douce vers le château de B. . De celui-ci ne reste que la souche coupée, sciée au ras des racines : la section montre une cartographie bigarrée de l’effet des intempéries sur les fibres. Chaudron de réactions chimiques au ralenti, univers en expansion, explosion froide de la matière au ras du sol, creuset pour magma ligneux : tout ensemble. Le cœur du réacteur est de bleus intenses, comme un feu qui couve sous la surface. Ne pas se fier à la souche qui dort.