Formes du vent
Texte : 25000 caractères/4900mots. Fonds photos numériques couleur : 90 photos
[…] un labour en friche permet de traverser la campagne en ignorant les limites des cultures, le nez en l’air, sur une terre en attente. […] Là, d’un coup, le sol jusqu’ici chaotique de la jachère offre à la vue une sorte d’écriture : la présence d’herbes foulées cent fois, brassées et couchées par les machines, les animaux domestiques ou sauvages, le promeneur, et surtout par la pluie et le vent….Une chevelure plaquée, coiffée, redressée ou lisse offre diverses figures de vagues figées, un Pompéi végétal à fleur de sol.[…] alors pourquoi ne pas retrouver les gestes de l’écriture déposée à terre ? […]
[…] le brin d’herbe esquisse au sol un contour du mouvement de l’air. Ce mouvement l’a mis en forme à un moment donné, et non un seul mouvement, mais une suite, un orchestre de flux aériens a fait vibrer sa tige, l’a posée à terre comme une empreinte. Brins à côté de brins, les hampes, les tiges ou les feuilles à ras de champ racontent les épisodes du passage du vent. Pour qui saurait lire ces traces, l’origine, la direction, l’élan du vent à son arrivée, son changement d’orientation et sa disparition se déchiffrent : comme la limaille de fer pour un champ magnétique, ils révèlent les directions et les sens des turbulences de l’air sur le pré.
S’il y a écriture, il faut en trouver le code et c’est l’archéologie du vent. S’il y a des tracés réguliers, il faut en connaître l’auteur et c’est l’art de la traque. […] les ombres fractionnées de tornades minuscules composent le tableau végétal.»
« Formes du vent »
80 pages, texte et 36 photos couleurs, 10 photos N.B. .
Dépôt légal BNF 02/10/2020